Tous au Larzac
Le mardi 7 février 2012 20h30 au cinéma LE FOGATA - Ile Rousse
Réalisé par : Christian Rouaud
Avec : Léon Maille, Pierre Burquière, Christiane Burquière, Marizette Tarlié, José Bové
Long-métrage : français.
Genre : Documentaire
Durée : 1h 58mn.
Année de production : 2011
Date de sortie : 23 novembre 2011
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis :
Marizette, Christiane, Pierre, Léon, José… sont quelques uns des acteurs, drôles et émouvants, d’une incroyable lutte, celle des paysans du Larzac contre l’Etat, affrontement du faible contre le fort, qui les a unis dans un combat sans merci pour sauver leurs terres. Un combat déterminé et joyeux, mais parfois aussi éprouvant et périlleux. Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une trainée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne cèderont leurs terres. Dans le face à face quotidien avec l’armée et les forces de l'ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix. Bientôt des centaines de comités Larzac naitront dans toute la France... Dix ans de résistance, d'intelligence collective et de solidarité, qui les porteront vers la victoire.
Le Larzac vu par .... Bertrand Tavernier
"Il y a d’abord tous ces visages qui crèvent l’écran. Ces visages dont la caméra, on le sent si bien, tombe immédiatement amoureuse, qu’elle n’a pas envie de lâcher tant ils impressionnent la pellicule, les visages de Léon Maillé, Marizette Tarlier, Michel Courtin, Christian Roqueirol, José Bové et pardon pour ceux que je ne cite pas. Ces visages et ces voix. Chaudes, prenantes, qui savent raconter, qui semblent avoir assimilé, le poids, l’importance, la beauté des mots et qui vivent avec comme on vit à coté d’un arbre, d’une prairie, sous un ciel d’orage. Leur langue est drue, cocasse, chaleureuse, émouvante et fait paraître d’autant plus sec, plus racorni, plus pauvre le vocabulaire des politiques (qu’on entend d’ailleurs trop peu). "Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l'accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l'apparence de la solidarité à un simple courant d'air" écrivait Georges Orwell. On peut penser que quelqu’un de décent comme Giscard D’Estaing s’est fait battre en 1981 à cause de son incapacité à écouter, à comprendre cette langue et la réalité qu’elle traduisait. C’est qu’on entend ici le langage des gens qui sont sur le terrain, de ceux qui mettent les mains dans le cambouis. La langue des poilus de la guerre de 14/18, si déchirante, si concrète, ceux des appelés de la guerre d’Algérie, ces paysans, ces ouvriers, que j’ai filmé avec Patrick Rotman dans la GUERRE SANS NOM. Une langue qui se méfie des slogans, qui n’a pas envie d’être embrigadée. A de nombreuses reprises, je me suis dit que Christian Rouaud avait du avoir drôlement du mal à dire « Coupez », à arrêter sa caméra. On le sent si à l’écoute de tous ses personnages, si à l’aise avec eux et si respectueux de leurs émotions, de leurs peines, de leurs joies. J’étais embarqué, je pouvais rester trois, quatre heures de plus pour partager plus longuement leurs espoirs et leurs désillusions, leur ténacité et leur extrême malignité : cette manière de faire tourner en bourrique l’adversaire, de le surprendre, d’avoir un coup d’avance sur lui réjouira tous les amateurs de l’Oiseau Mimi, le Roadrunner dans ses combats incessants contre le Vil Coyote. Ah le récit sur les déboires des gardes mobiles avec les brebis sur le Champ de Mars… Et c’est vrai aussi que cette chronique de solidarité épique peut enchanter les amoureux du western. Tous les ingrédients sont au rendez vous : ces extraordinaires paysages, ces escarpements, ces ciels qui dévorent l’horizon ( lequel n’est jamais au centre de l’image comme le réclamait John Ford à ses chefs opérateurs), ces arbres magnifiques, ces maisons isolées dans lesquelles on se barricade et qu’on défend coute que coute....