À Peine J'ouvre les Yeux

Parce qu'Et Pourtant Ça Tourne court toujours en 2016, nous essayons de vous écouter et de ne rien lâcher.

En collaboration avec nos partenaires habituels, Cinémotion et Anima, nous avions attendu avec enthousiasme la venue de Jean-Gabriel Périot pour commencer l’année, vous montrer ses court métrages et son documentaire « Une Jeunesse Allemande ».
À la suite de son désistement, nous choisissons de vous montrer un premier film de la jeune réalisatrice franco-tunisienne, Leyla Bouzid

Date de sortie: 23 décembre 2015 (1h42min)
réalisé par: Leyla Bouzid
Avec: Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari
genre: drame
Nationalité: français, tunisien, belge, Emirah

Synopsis

Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière.
Elle chante au sein d¹un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet, sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

Détails

Suivre la jeunesse, amateurs de jazz et découvrir la Tunisie juste avant le Printemps arabe au gré des moments historiques et cruciaux traversés par ce pays et filmer ce qu’ils avaient vécu et subi : le quotidien étouffant, les pleins pouvoirs de la police, la surveillance, la peur et la paranoïa des Tunisiens depuis 23 ans.
La révolution (ou révoltes, les points de vue divergents) surprenait le monde entier mais elle ne venait pas de nulle part. On ne pouvait pas, d’un coup, balayer des décennies de dictature et se tourner vers l’avenir sans revenir sur le passé.
"C'est en pleine conscience de ce qu'on a été, de ses compromis comme de son désir de vie, qu'une société peut sortir de la dictature sans les illusions du prophétisme révolutionnaire et ses inévitables déceptions. La réussite d' "A peine j'ouvre les yeux" est de parvenir à cette conscience sans discours, en plongeant dans la complexité de chaque personnage, sans rien masquer de ses contradictions. Tout le film est pensé dans cette sincérité : les jeunes sont des musiciens amateurs et les répétitions comme les concerts sont tournés sans play-back, le casting a été fait en fonction de l'expressivité des personnes et les dialogues réécrits selon leurs improvisations, le champ de la caméra de Sébastien Goepfert leur laisse l'espace de vie nécessaire. Sans folklore, la musique de l'Irakien Khyam Allami combine l'énergie de la musique populaire tunisienne et du rock électrique. Le jeu de Baya Medhaffar (Farah) rend compte sans enflure de sa force vitale mais aussi de son trouble face à l'adversité et aux accommodements de chacun. C'est cela qui permet aux personnages de sortir de l'impuissance. Cela suppose d'aller chercher leur beauté, au fond de les aimer : ce film ne condamne personne, il va au contraire puiser en chacun un fond d'humanité, même chez les plus compromis. Car ce n'est pas dans le manichéisme qu'un pays avance, mais dans la réconciliation avec soi, et donc avec son passé. C'est à cette condition que, comme Marwan, le poète-chanteur que les forces obscurantistes voulaient assassiner dans "Le Destin" de Youssef Chahine, on peut encore chanter."

Bande d'annonce

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