Un Homme Qui Crie

Mardi 16 novembre 2010 21h au cinéma LE FOGATA Ile Rousse

Réalisé par : Mahamat Saleh Haroun
Avec : Youssouf Djaoro, Diouc Koma, Emile Abossolo M'Bo,
Long-métrage : français, belge.
Genre : Guerre, Drame
Date de sortie : 29 septembre 2010
Durée : 1h 32mn.
Année de production : 2010
Distribué par : Pyramide Distribution
VO

Synopsis :
Le Tchad de nos jours. Adam, la soixantaine, ancien champion de natation est maitre nageur de la piscine d'un hôtel de luxe à N'Djamena. Lors du rachat de l'hôtel par des repreneurs chinois, il doit laisser la place à son fils Abdel. Il vit très mal cette situation qu'il considère comme une déchéance sociale.
Le pays est en proie à la guerre civile et les rebelles armés menacent le pouvoir. Le gouvernement, en réaction, fait appel à la population pour un "effort de guerre" exigeant d'eux argent ou enfant en âge de combattre les assaillants. Adam est ainsi harcelé par son Chef de Quartier pour sa contribution. Mais Adam n'a pas d'argent, il n'a que son fils...

Une guerre au "second plan"
Bien qu'elle occupe un espace "mental" omniprésent, la guerre en images n'est pas présente dans le film. Elle conditionne tout le déroulement de la narration mais ne pénètre quasiment jamais l'écran. Le réalisateur nous en explique la raison : "Elle est comme un vent qui souffle de temps en temps : au gré des mouvements, elle contamine le cours du récit. (...) Cette guerre est comme un fantôme qui se manifeste de temps à autre." ...

L'autre violence
Outre la guerre civile qui gangrène le pays depuis plusieurs années sans qu'aucune issue ne se dégage, la motivation de Mahamat Saleh Haroun était de dénoncer un autre mal qui empoisonne le Tchad: la mondialisation. Dans un pays si fragile et sans repères, les dérives conséquentes à cet afflux non maitrisable d'argent pervertissent toute une société. "C’est d’autant plus violent qu’au Tchad le droit du travail est souvent foulé aux pieds: il n’y a donc rien à faire ...

Direction d'acteurs
Attaché à réfléchir son cinéma comme une conscience métaphorique ancrée dans le réel, Mahamat Saleh Haroun oriente le travail avec ses acteurs vers un cadre d'expression au plus proche du quotidien. "Il arrive souvent que je donne à un acteur son dialogue uniquement, sans qu’il sache ce que va lui répondre son partenaire. Du coup, cela crée un effet de surprise saisissant que j’aime bien." Plusieurs scènes évoquent cette empreinte personnelle de direction : "Par exemple, lorsque la mère envoie balader la voisine, cette dernière n’était pas au courant et a été bouleversée ! J’en ai profité pour capter sa stupeur." ...

Cuisiner, valeur quintessente de la générosité
Parmi la galaxie de personnages que côtoie Adam au sein de l'hôtel, il y a notamment le cuisinier, cible dans une scène, de la tendresse extrême que lui porte Mahamat Saleh Haroun, fasciné par cette fonction empreinte de symboles. "J'ai eu envie de rendre hommage à l'acte de cuisiner. Pour moi, la générosité ne peut pas mieux s'exprimer qu'à travers la cuisine : on cherche à donner le meilleur de soi en voulant nourrir l'autre." Il n'y a alors qu'un pas vers l'empathie cristallisée autour de David, le cuisinier de l'hôtel ...

Religion et métaphore
Les questions métaphysiques ont toujours été au centre de la réflexion du réalisateur tchadien, lui qui considère les religions "à la source de tout". Son cinéma appuie une mise en forme expressement concrète des textes sacrés, et fait ainsi se répondre mythologie et réalité ...

Place de la musique
Peu avare de musique, le réalisateur a fait confiance à un ami Wasis Diop, pour faire de cette composition un fidèle miroir de ce qu'il attendait. L'objet musical révèle "l'état d'âme des personnages, leur désordre intérieur".

Une pointe d'autobiographie
Le réalisateur est lui-même un rescapé de la guerre civile au Tchad. Grièvement blessé il a dû quitter son pays sur une brouette.

Un quatrième Opus
Un homme qui crie est le quatrième long métrage de Mahamat Saleh Haroun. En 1999, son premier film, Bye bye Africa, est sélectionné à la Mostra de Venise et obtient le prix du Meilleur Premier Film.

Cannes 2010
Le film a été en compétition officielle en 2010 au Festival de Cannes et y a remporté le Prix du Jury

Bande d'annonce

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